PIERRE DE LA VOIX
~1628-1708
Pierre de Lavoix serait né vers 1630 (plus ou moins) selon l’âge qu’on lui attribue aux différents recensements de la Nouvelle-France et celui de son acte de sépulture. Il est le fils de Pierre de Lavoix et d’Élisabeth Vadois, probablement originaire du village d’Aytré, près de La Rochelle en Aunis ou Charente-Maritime.
Je dis «probablement» car ce lieu est celui de son mariage, mais pas nécessairement de sa naissance. Pour l’instant, je ne sait rien de plus sur sa vie en France.
Il se marie le 15 février 1649, à St-Étienne d’Aytré, avec Jacquette Grignon; elle est la fille de Pierre Grignon et de Simone Grisot. Ils ont 5 enfants avec eux lorsqu’ils quittent Aytré pour venir en Nouvelle-France.
Pourquoi? Quand? Sur quel bateau? Beaucoup de questions, très peu de réponses! Je n’ai aucune certitude, n’ayant aucune preuve tangible!
Pourquoi? Avec l’absence de documents français, il est difficile de déterminer les raisons de leur départ pour le Nouveau Monde. Pierre s’était-il engagé pour 36 mois (les hommes s’engageaient à venir travailler pour les gens d’ici pour une période de 3 ans, contre le prix du voyage, la nourriture et le logement avec une parcelle de terre à eux, ce qui leur permettaient de s’établir), et décidé de venir avec femme et enfants, contrairement à l’habitude de l’époque... Etait-ce une famille de Huguenots (dès le début du XVIIe siècle, la France est ravagée par les guerres de religion, surtout la région de La Rochelle qui était le fief des calvinistes, qu’on appelait alors huguenots) qui a décidé de fuir, même si la violence contre les Huguenots est moins fréquente à cette période de l’histoire de France... Étaient-ils de pauvres paysans, menacés par les famines sévissant en France alors... Ont-ils, tout simplement, décidé de vivre l’aventure vers un monde qu’ils espéraient meilleur... On ne le saura probablement jamais, donc, il vaudrait mieux poursuivre, car nous pouvons faire mille suppositions à ce sujet et tourner en rond sans jamais avoir aucune certitude!
Quand? Pierre de Lavoix et sa famille sont en Nouvelle-France dès l’automne 1666, ce qui explique leur absence dans le grand recensement fait au printemps 1666. Un jour, peut-être que nous découvrirons un document venant prouver avec exactitude leur date d’arrivée. Sur quel bateau? Vous devinez sans peine, que, compte tenu du peu d’informations officielles, je ne connais pas la réponse à cette question, surtout qu’il existe un assez grand trafic maritime à cette époque, avec la venue du Régiment de Carignan, en 1665 (plus de 1,000 soldats français viendront défendre la colonie dans les guerres iroquoises, de ce nombre, quelques 400 soldats s’établiront par la suite en Nouvelle-France), et la reprise de l’arrivée régulière des «Filles du Roi» depuis 1662 (dès 1639, les premières «Filles du Roi» arrivent; elles sont, en général, orphelines de bourgeoisie et de petite noblesse, qui décident de venir prendre mari au pays au lieu de passer leur vie au couvent en France: c’est la première vague. Par la suite, des jeunes filles «bien», mais de familles pauvres recevront une dot, à même le revenu royal, pour se marier et peupler la colonie, elles tenteront l’aventure plutôt que de rester en France, dans la misère. Certains ont douté de la morale de ces filles, ce qui n’est pas l’objet de la conférence d’aujourd’hui, mais on sait que seulement 3% d’entre elles ont mérité cette réputation, le tout sur une période de 10 ans...).
La traversée de l’Atlantique n’est pas un voyage de plaisance à cette époque! Vivre, entassés à parfois quelque cent personnes dans un espace sombre et réduit comme la «sainte-barbe» (espace réduit dans les profondeurs du navire) d’un navire de 200 tonneaux (en moyenne) pendant environ 2 mois (en moyenne) n’est pas une sinécure... La promiscuité humaine étant constante, les passagers devaient garder les mêmes vêtements tout au long de la traversée, je passe le chapitre de l’hygiène, qui est inexistante dans ces conditions. La nourriture étant rationnée (on ignore la durée du voyage) et les moyens de la conserver étant inadéquats, je vous fais grâce de toutes les maladies qui prolifèrent en plus du mal de mer. Ajoutez à tout cela les intempéries, (violentes dans l’Atlantique Nord) plus la menace d’attaques par les corsaires ou les Anglais, selon les périodes.... Vous comprenez aisément que traverser l’Atlantique avec une femme et 5 enfants n’a pas dû être de tout repos!
Raymond Douville, dans son livre, La vie quotidienne en Nouvelle-France, nous dit qu’à la même époque, la traversée d’une «Fille du Roi» coûtait 60 £ (livres). On peut facilement imaginer le coût du voyage de la famille de Pierre de Lavoix. Enfin, ils sont arrivé en Nouvelle-France, dans quelles conditions, on l’ignore, mais sûrement pas très reluisantes! À l’aide de suppositions, on peut raisonnablement affirmer qu’ils sont venus sur le Moulin d’Or du capitaine Pierre Jamin, mais aussi peut-être sur le St-Joseph arrivé un peu plus tôt.
Un point à éclaircir: Jacquette Grignon a-t-elle fait le voyage? Le Dictionnaire Jetté, et plusieurs autres sources, mentionne qu’elle n’est pas venue en Nouvelle-France. Mais, selon le PRDH, elle est présente et vivante au mariage de sa fille Suzanne, avec Jean Tesson, le 13 septembre 1666 à Notre-Dame de Québec.
On la retrouve aussi chez le notaire Romain Becquet, à Québec, le 12 octobre 1666, avec son mari, Pierre de Lavoix, pour la «vente d’un demi-quartier de terre situé à Aytré près La Rochelle, au fief des Buttes, à Pierre Jamin, capitaine du navire «Le Moulin d’Or»
D’autre part, au recensement de 1667, on dit de Pierre de Lavoix qu’il est veuf. Donc, Jacquette Grignon vient en Nouvelle-France avec sa famille, mais décède peu après son arrivée. A ce jour, je n’ai pas trouvé de preuve officielle de son décès et de sa sépulture.Voilà donc, la situation de Pierre de Lavoix et sa famille avant le recensement de 1667. Dans le recensement de 1667, pour Cap Rouge, on peut lire une population de 162 habitants répartis dans 30 familles. Parmi ces derniers se trouve: «Pierre de la Croix, fermier de François Pelletier, 35 ans, 20 arpents en valeur, 2 enfants: Marie, 10 ans, Olive, 2 ans.» Une erreur de lecture peut être à l’origine de la différence de nom: de Lavoix et de La Croix... On pense qu’il s’agit bien de notre homme, car «Olive» comme prénom féminin est peu courant dans la colonie. On sait aussi que Pierre de Lavoix a une autre fille prénommée Marie. Jusque là, ça va! Mais qu’en est-il de ses 2 garçons, Michel et Jean??? Après avoir consulté le recensement de 1667, ligne par ligne, dans l’Histoire des Canadiens Français de Benjamin Sulte et les Recensements annotés de la Nouvelle-France d’André Lafontaine, je n’ai trouvé aucune réponse à cette question...
Plus tôt, j’ai mentionné les «Filles du Roi», voyons comment elles ont été présentes dans la vie de Pierre de Lavoix. Devant le notaire Becquet, le 21 octobre 1667 (selon L’inventaire des greffes de notaires sous le régime français), est annulé le contrat de mariage de Pierre de Lavoix avec une «Fille du Roi», Jeanne Burel, fille de Daniel et Anne LeSuisse, car Jeanne épouse André Poutré, le 3 novembre 1667 à Québec, après avoir passé le contrat de mariage chez le notaire Rageot le 1 novembre de la même année.
La vie, seul avec 4 enfants, devait être difficile pour Pierre. Il passe un second contrat de mariage, avec Anne-Françoise Richard dit Martin, fille de Nicolas et Madeleine Fournier, contrat qui sera encore annulé le 24 décembre 1669, parce que le 5 janvier 1670, toujours devant le notaire Becquet, Anne-Françoise, cette autre «Fille du Roi» épousera Pierre Campagna.
Selon Silvio Dumas, dans son livre Les Filles du Roi en Nouvelle-France, avant ces deux tentatives, Pierre aurait passé un contrat de mariage avec une autre «Fille du Roi», Françoise Gérémie, le 29 septembre 1667, contrat aussi annulé; le tout, toujours avec le notaire Becquet.
Enfin, le 25 août 1670, devant Romain Becquet, nouveau contrat de mariage, avec Isabel Loppé, fille de Charles et Catherine Hubert. Née vers 1647, on la dit originaire de St-Sever, dans la région de Rouen, en Normandie; elle apporte des biens estimés à 200 £, en plus de la dot royale de 50 £. Cette fois, c’est la bonne! Devant ce déluge de contrats de mariage annulés, je me suis interrogée... Pierre de Lavoix était-il un monstre de laideur? un être immonde et immoral? un pauvre paysan paresseux? Peut-être aucune de ces réponses...
Après avoir lu Raymond Douville (La vie quotidienne en Nouvelle-France), j’ai mieux compris la situation, et, à travers différentes recherches, j’ai constaté que le cas de Pierre de Lavoix et des «Filles du Roi» n’est pas un cas isolé... Après l’arrivée du contingent annuel des «Filles du Roi», des présentations officielles étaient organisées en présence de l’intendant et autres dignitaires de la société québécoise. Dans les semaines suivantes, on passait chez le notaire; ensuite on apprenait à se connaître en attendant la cérémonie religieuse... Ce qui cause la situation que l’on connaît, à savoir: on constate que, régulièrement, des annulations des contrats notariés (passé trop rapidement) ont lieu.
Dans le cas de Pierre de Lavoix, il faut comprendre qu’avec 4 enfants, sans aucune terre à lui avant 1669, ça ne devait pas être facile de trouver une épouse. Mais Isabel Loppé sera l’épouse de Pierre et lui donnera 8 enfants, comme nous le verrons plus loin.
Je donne à Isabel Loppé le nom que j’ai lu sur l’acte notarié de Becquet, mais on la rencontre parfois sous le nom de Élisabeth Aupé ou Aubert.
Pierre est toujours demeuré dans la Seigneurie de Maure, dite aussi de Cap-Rouge, ou St-Augustin, ou de St-Ange.
Selon Le Terrier de 1674, de Marcel Trudel, une terre de 3 arpents de front par 30 arpents de profondeur lui est concédée le 5 août 1669. En 1674, on la dit située entre celle d’Antoine Augeron et de Jacques Fournier. Lorsque Geneviève Faux, femme de François Hubert, vend sa terre à François Tinon, elle est dite en la Seigneurie de Maure joignant la terre de Pierre de Lavoix et celle de Jacques Rousseau, acte passé chez le notaire Chamballon, en 1702.
Les enfants de Pierre et Isabel naissent tantôt à la Côte de St-Ange, tantôt à la Rivière-aux-Roches, toujours dans la Seigneurie de Maure. Est-ce des terres différentes ou différents noms pour un même lieu? C’est un sujet que je n’ai pas encore approfondi, avec preuve à l’appui. En 1670, Pierre de Lavoix se retrouve chez le notaire Becquet, le 2 décembre, en compagnie de Laurent Herment (Armand), de Jacques LeMeilleur et de Vincent Crosteau. Tous les quatre passent un marché avec Jean Talon. Le marché est le suivant : livrer «... quatre mille pieds de charpente de cèdre propre à faire clostures et palissades, lequel aura de grosseur et longueur, savoir, 20 pieds de long sur huit à neuf pouces carré, ainsi que des poteaux de 8 pieds de long sur 9 à 10 pouces carré, et les autres pièces quil conviendra pour la garniture des poteaux de la palissade... ils doivent livrer ce bois... sur le quai de ladite ville de Québec ou à la brasserie... moyennant la somme de vingt deux deniers pour chacun pied de bois que ledit seigneur Juchereau sera tenu et promet payer audit entrepreneur ou au porteur pour eux...». Donc, à la fin de 1670, Pierre de Lavoix possède toujours une terre sur la seigneurie de Maure, travaille à ce dernier contrat, et vit avec sa deuxième épouse, Isabel Loppé.
Dans les archives québécoises, on mentionne la présence de Pierre de Lavoix chez le notaire Rageot, pour une obligation à Pierre Mercier, boulanger à Québec. La lecture de cet acte du 10 mai 1677 nous apprend que Pierre de Lavoix doit la somme de 28 £ pour du pain, du blé et des pois. Pierre et Isabel n’ont sûrement pas la vie facile avec 4 jeunes enfants à nourrir, sans compter les enfants du premier mariage, dont on ignore la présence ou l’absence au foyer familial.
Le recensement de 1681 nous donne des informations intéressantes mais incomplètes sur la situation de Pierre de Lavoix. Dans la seigneurie de Maure, on note la présence de 175 habitants, répartis dans 34 familles, dont l’inscription suivante: Pierre Lavoix, 50 ans, Élisabeth Aubert, sa femme, 34 ans. Enfants: Marie, 9 ans; Madeleine, 8 ans; Pierre, 6 ans; Vincent, 3 ans; François, 2 ans. 12 arpents en valeur (ce nombre d’arpents en valeur est dans la moyenne par rapport à l’ensemble de la seigneurie). Le Recensement annoté d’André Lafontaine mentionne que Jean, 17 ans, leur fils, est domestique chez François Bélanger; Olive, 17 ans, leur fille est certainement celle qu’on retrouve domestique chez Jacques Samson. Dans le même livre, quand on cherche François Bélanger, on trouve la mention suivante: Jean de Lavoix, 17 ans, fils de René de Lavoix. Jean, le domestique de François Bélanger, est probablement le fils de René. Par contre, au même recensement dans la seigneurie de Lauzon, chez Jacques Samson, il y a 2 domestiques: Olive, 17 ans et Jean, 24 ans... Ne serait-ce pas le frère et la soeur, les deux enfants de Pierre et Jacquette Grignon.... A cause du manque de précision dans les informations, on ne peut que présumer de la chose!
Isabel Loppé, «Fille du Roi», deuxième épouse de Pierre de Lavoix, quitte ce monde le 24 juillet 1687, elle aura sa sépulture à Beaupré; aucune autre information n’est mentionnée au PRDH. Quand on consulte la revue L’Ancêtre de la Société Généalogique de Québec, à la rubrique des baptêmes et sépultures de Ste-Anne de Beaupré, on ne trouve aucune mention à ce sujet.
Pierre de Lavoix, veuf, verra le mariage de son fils Jean, en 1690, et aura le bonheur de connaître son premier petit-fils Lavoix du nom de Jean-Baptiste, un des deux seuls garçons à transmettre le patronyme aux générations futures. L’acte de sépulture de Pierre de Lavoix se lit comme suit: «L’an mil sept cent huit, le huitième jour de juillet au soir est décédé dans cette paroisse de St-Augustin le bonhomme pierre Lavoix âgé de quatre vingt ans après avoir été confessé, communié et reçu l’extrême onction. Son corps a été mis dans le cimetière de cette paroisse avec les cérémonies ordinaires le neuf dudit mois de juillet 1708 en présence de Jean Chapeau et d’Antoine Lemarié de ce enquis suivant l’ordonnance....»
Ainsi s’achève une vie qui semble n’avoir pas été toujours facile, mais grâce à laquelle nous sommes ici aujourd’hui.
QUE SONT DEVENUS LEURS ENFANTS:
Commençons par Suzanne, la fille aînée de Pierre et Jacquette Grignon. Suzanne est baptisée dimanche le 29 mai 1650, à St-Étienne d’Aytré; le parrain est Pierre de Lavoix (grand-père paternel) et la marraine est Simonne Grisot (grand-mère maternelle). Selon Parchemin, elle passe un contrat de mariage avec Jean Tesson, fils de Barthélémy et Marie Dusein, le 24 août 1666 chez le notaire Becquet et le mariage est célébré à Notre-Dame de Québec le 13 septembre 1666. Au recensement de 1666, on mentionne Jean Tesson à l’Ile d’Orléans. Cette union sera de courte durée et sans descendance; on ignore la date et le lieu du décès de Jean Tesson. Le Dictionnaire Jetté mentionne l’Ile d’Orléans ou La Rochelle comme lieu probable du décès. C’est à ce moment que les choses se compliquent! Toujours est-il que Suzanne de Lavoix, veuve de Jean Tesson, passe un contrat de mariage chez le notaire Rabusson, de La Rochelle, le 27 mars 1669 avec Pierre Guibert, fils d’Étienne et de Marguerite Giboulleau . Certaines sources mentionnent que Pierre Guibert est décédé peu de temps après son mariage. Archange Godbout dans Émigration Rochelaise en Nouvelle-France mentionne qu’on a trouvé dans le greffe du notaire Teuleron, à La Rochelle, un contrat d’engagement pour le Canada au nom de Pierre Guibert pour l’année 1669. Après 1669, on retrouve Suzanne de Lavoix en Nouvelle-France, mariée à Pierre Girard.. Les informations ne sont pas claires. Certains prétendent que c’est un troisième mariage pour Suzanne, avec un contrat passé devant Rageot, document qui serait perdu. D’autres affirment que Pierre Guibert et Pierre Girard sont une seule et même personne! Pourquoi Suzanne, arrivée en Nouvelle-France en 1666, se marie-t-elle en seconde noce, en 1669 à La Rochelle? Voici l’hypothèse que j’émets, suite à la lecture d’un petit paragraphe dans le Rapport des Archives Nationales, vol 48, dans un texte inachevé d’Archange Godbout: on y apprend que Barthélémy Tesson est retourné s’établir à La Rochelle après un séjour au Québec. Il est possible que son fils Jean ait voulu le suivre, ce qui expliquerait la présence de Suzanne à La Rochelle en 1669. Comment Pierre Girard, mentionné au recensement de 1666 à Québec, au Collège des Jésuites, a pu se trouver à La Rochelle en même temps que Suzanne, je l’ignore.... je demeure dans le doute, tant que je n’aurai pas trouvé un acte notarié ou religieux confirmant l’une ou l’autre des hypothèses... Toujours est-il, qu’au recensement de 1681, on trouve Pierre Girard et Suzanne de Lavoix, bel et bien marié, en compagnie de leurs enfants, à St-Augustin, à la Seigneurie de Maure, avec 1 fusil, 5 bêtes à cornes et 12 arpents en valeur. Le couple aura 8 enfants dont 6 feront souche au Québec, les deux autres étant décédé dans leur jeune âge. Suzanne de Lavoix meurt à 37 ans, le 24 juillet 1686, à Neuville. Son mari, Pierre Girard, se remarie en 1688, avec Élisabeth Lequin, veuve d’Étienne Léveillé; le couple n’aura pas d’enfant, car Élisabeth meurt à son tour en 1700. Pierre Girard s’éteint après 1710, à St-Augustin. C’est par Suzanne que Pierre de Lavoix sera grand-père pour la première fois, avec la naissance de sa petite-fille Jeanne en 1673.
Jean est baptisé jeudi le 2 avril 1654, à St-Étienne d’Aytré, le parrain est «honorable personne» Jean de Lafargue et la marraine est Dominque Marot. Jean est souvent mentionné comme parrain ou témoin dans divers actes de baptême et mariage, il semble avoir de nombreuses relations sociales. Jean de Lavoix a uni sa destinée à Barbe Lhomme, fille de feu Michel Lhomme et Marie Valade (qui est remariée avec Jacques LeMeilleur). La signature du contrat se fait en présence du notaire Genaple, le 3 septembre, et la cérémonie religieuse est célébrée dans l’église St-François-de-Sales de Neuville, le 28 novembre 1690. Dans ce contrat de mariage, on peut lire: «Jean de Lavoix soldat de la garnison du château de cette ville (Québec) et habitant de la seigneurie de Maure». Dans l’acte de mariage, le 28 novembre 1690, on lit Jean de Lavoix, soldat de la garnison du fort St-Louis de Québec. Au fil des ans, toujours devant notaire, Jean achète et vend plusieurs terres situées dans différentes seigneuries (De Maure, De Tilly, Cap-de-la-Madeleine), de sorte que ses 6 enfants naîtront dans des lieux différents. En 1711, en date du 26 août, le registre des décès de l’Hôtel-Dieu de Québec porte la mention du décès de Barbe Lhomme, «entrée le 19 précédent, de la paroisse de Charlesbourg, âgée de 42 ans». Nous ne possédons aucune information de ce genre concernant le décès de Jean de Lavoix. Certains avancent 1714, d’autres, 1724, comme date de son décès. Selon le contrat d’engagement de sa fille Marie Louise à Marie Morin, passé chez le notaire Chamballon, le 9 août 1713, on mentionne que son père et sa mère sont décédés. C’est un mystère qui reste à éclaicir, tout comme la fin de sa vie.
Marie est baptisée le jour de Pâques, 1 avril 1657, à St-Étienne d’Aytré, le parrain est Augustin de Lavoix (probablement un parent) et la marraine est Marie Poirier. En 1674, le 24 avril, Pierre l’engage pour 2 ans à Étienne Landeron (au recensement de 1666, on le dit pâtissier-cuisinier à Québec), moyennant son entretien, sa nourriture et son logement, plus 50 £ de gages. Marie épouse Pierre Grenon, fils de Pierre et Marie Soseaux, le 16 février 1676, à Québec. Ils s’établiront dans la Seigneurie de Bélair, dit les Écureuils (population de 4 familles en 1681, comprenant celle du seigneur du lieu). En 1681, le couple possède 1 fusil, 2 vaches et 6 arpents en valeurs. Tout comme sa soeur, Olive, elle vend sa part de terre, héritée de son père, dans le même acte notarié, à Romain, son demi-frère, aussi pour la somme de 100 £. Pierre et Marie auront 11 enfants. Marie s’éteint en 1727.
Michel est baptisé le jour de Pâques 13 avril 1659, à St-Étienne d’Aytré, le parrain est Michel Pleinet et la marraine est Thoinette Blain. Chez le notaire Becquet, le 3 novembre 1670, Pierre passe un contrat d’engagement pour son fils Michel : «... Pierre de Lavoix, habitant demeurant à la Côte de St-Ange.... de Michel de Lavoix, son fils, âgé de douze ans... a reconnu l’avoir baillé, engagé... pour une période de 6 ans... à Michel Lecours, marchand bourgeois de Beauport... lequel a promis de le nourrir et loger, de lui fournir ses hardes et chaussures et toutes choses nécessaires pour sa qualité, sans aucun gage pour les 6 ans... Michel de Lavoix sera tenu et obligé de servir ledit Lecours, son maître, en toutes choses qui lui sera commandées...» C’était l’expression officielle et courante utilisée dans ce genre de document.
Que penser d’un événement pareil? J’ai une copie de l’acte notarié (prise aux Archives Nationales) en main: c’est donc la réalité! Que penser de cette réalité, car avec nos valeurs d’aujourd’hui, c’est complètement immoral! J’ai donc cherché à savoir quelle était la réalité de cette époque. Dans Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France, André Lachance mentionne que le fait d’engager ses enfants était courant, pas fréquent, mais pas rare non plus. Il relève deux raisons de le faire. La première: si la famille était pauvre, c’était une façon d’assurer la subsistance de son enfant, (vous remarquerez que Pierre de Lavoix ne reçoit pas d’argent lors de l’engagement de son fils); la deuxième: certains parents pensent que c’est une façon d’apprendre à leur enfant à se débrouiller, à acquérir un métier et à être automone. Ça me réconcilie avec mon ancêtre et prouve qu’il faut toujours travailler l’histoire de ses ancêtres avec preuve à l’appui et surtout en étudiant le contexte de l’époque. Qu’est-il advenu de Michel de Lavoix, je l’ignore, car malgré toutes mes recherches, je n’ai pu trouver aucune autre trace de son existence.
Olive est baptisée mardi le 18 décembre 1663, à St-Étienne d’Aytré, le parrain est Mathurin Martin et la marraine est Marie Martin. Elle est présente à Cap-Rouge en 1667, avec son père et sa soeur Marie. Elle est domestique chez Jacques Samson en 1681. Olive passe un contrat de mariage chez le notaire Rageot, avec Michel Fernet ou Frenet, le 23 mai 1684 et le couple s’unit à l’église de St-Augustin de Neuville le 26 juin suivant. Michel est le fils de Michel et Christine Juneau, originaire de la région d’Évreux en Normandie. Au recensement de 1666, on le dit résidant à Beaupré, sabotier, domestique engagé de Bertrand Chesnay. En 1681, le recensement nous apprend qu’il est à Neuville où sont nés leurs 5 enfants. On sait que le 15 octobre 1712, Olive Lavoie et Michel Fernet vendent une terre chez le notaire Chamballon. Langlois mentionne que le 2 août 1713, elle vend sa part de la terre, héritée de son père, à son demi-frère, Romain, pour la somme de 100 £. Olive Lavoix, veuve de Michel Fernet, fait une donation à son fils, Simon Fernet, chez le notaire Laneuville, 24 mars 1717. Olive meurt à Cap-Santé en 1729, à 75 ans.
En 1673, Pierre et Isabel font baptiser leur première fille, le 21 janvier, à Notre-Dame de Québec, Marie-Anne est née le 10 janvier précédent. Le 13 mai 1687, Pierre de Lavoix, chez le notaire Duquet, passera un contrat d’engagement pour sa fille Marie-Anne, âgée de 14ans, d’une durée de cinq ans, chez Gilles Rageot, pour des gages annuels de 36 £. Marie-Anne passera devant le notaire Chamballon, le 6 avril 1695, pour son contrat de mariage avec Jean Poitras, veuf de Marie-Sainte Vié, père de 17 enfants (dont 8 sont décédés et 2 sont mariés au moment de son mariage avec Marie-Anne). Elle lui donnera 10 autres enfants à L’Ancienne-Lorette où le couple est établi. Marie-Anne décède en 1711, à L’Ancienne-Lorette.
Le 12 juin 1674, Pierre et Isabel font baptiser leur deuxième fille, Madeleine, née le 2 juin précédent. Le 26 janvier 1689, Pierre l’engage comme servante chez Louis de Laporte, qui promet de la nourrir, loger, voir à son entretien, et lui donner des gages de 36 £, ce, pour une durée de 4 ans. En consultant le PRDH, on voit que Madeleine de Lavoix, de Neuville, âgée de 14 ans, est hospitalisée pour une journée, à l’Hôtel-Dieu de Québec. On ignore pourquoi. Ensuite, on perd définitivement sa trace.
1675 voit l’arrivée d’une autre fille, Marie, née le 21 novembre au lieu dit la Rivière-aux-Roches, sur la seigneurie de St-Augustin de Maure, elle est baptisée le 2 décembre à Notre-Dame de Québec. Comme sa soeur, Madeleine, elle a laissé peu de trace dans les archives québécoises. Au PRDH, en date du 8 novembre 1691, on apprend que Marie est hospitalisée à l’Hôtel-Dieu de Québec pour une période de 23 jours, la cause de ce séjour n’est pas mentionnée. Marie, comme sa soeur Madeleine, ne semble pas être décédée à l’Hôtel-Dieu, car aucune mention de leur nom apparaît au registre des décès de l’hôpital. On perd définitivement sa trace.
Pierre et Isabel retournent à Notre-Dame, le 5 novembre 1676, pour le baptême de leur premier fils, Pierre, né le 1 novembre précédent, à la Côte de St-Ange, toujours dans la seigneurie de Maure. Malheureusement, ce premier fils d’Isabel et Pierre décède à l’âge de 15 ans, le 29 mai 1690; il sera enterré la même journée à Neuville.
Vincent né le 16 octobre, est baptisé le 1 novembre 1678 à Neuville. Comme son frère Pierre, il meurt jeune, soit à l’âge de 24 ans, le 12 février 1702, enterré le même jour à Neuville.
François naît le 31 octobre 1680, baptisé le 4 décembre de la même année. On sait qu’il est présent au recensement de 1681, mais aucune trace de lui après cette date.
La naissance de Romain, fils de Pierre et Isabel Loppé, est mentionnée en date du 3 juin 1684, à la Côte de St-Ange, avec baptême le 10 juin suivant à St-Augustin de Neuville. Romain est le seul fils de l’union de Pierre et Isabel à poursuivre la lignée familiale, il est aussi l’héritier de la terre paternelle, ayant racheté les parts de ses frères et sœurs.. Le patronyme Lavoie, encore présent dans cette région en est la preuve. Il passe un contrat de mariage devant le notaire Rageot avec Marie Thérèse Jean dit Denis, le 5 novembre 1730 et se marie le 13 novembre suivant à St-Augustin de Neuville. Le couple aura 3 enfants, avant que Romain décède en 1736. Sa veuve, Marie Thérèse Jean dit Denis, fille de Nicolas et Marie-Madeleine Cliche, contractera une deuxième union le 17 février 1738, avec Charles Tinon.
En 1686, Pierre et Isabel ont une autre fille, Élisabeth, née le 22 mars, baptisée le 13 avril suivant à Neuville; elle décède quelques mois après sa mère, soit le 14 mars 1688.
© Micheline Lavoie Dussault, 2000, revu en 2007
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