JEAN DELAVOYE
~1654-~1714
Jean
de La Voye, fils de Pierre de La Voye et de Jacquette Grinon, naît à Aytré
près de La Rochelle, en France. Il est possible que Jean soit né vers 1657, si
l'information de 24 ans au resencement de 1681 est bonne. Il arrive dans la
colonie avec ses parents vers 1665-1666. Les débuts de sa vie en sol
québécois sont plutôt obscurs par manque de documents officiels le concernant.
Au recensement de 1667, il n'est pas mentionné avec son père et ses soeurs
Marie et Olive. Où est-il à ce moment-là? Je l'ignore, même après avoir
scruté attentivement ce recensement, je n'ai pas trouvé d'indice ou de
certitude le concernant. Peut-être est-il avec son père (sans avoir été
inscrit au recensement), peut-être est-il engagé chez quelqu'un qui aura
mentionné seulement son prénom lors de ce même recensement....
Comme je l'ai mentionné plus tôt, en 1681, dans le Recensement annoté d'André
Lafontaine on peut lire que dans la seigneurie de Lauzon, chez Jacques Samson,
il y a 2 domestiques: Olive, 17 ans et Jean, 24 ans... Peut-être le frère et
la soeur, les deux enfants de Pierre et Jacquette Grinon.... C'est une piste
qui reste à confirmer...
Concernant la carrière militaire de Jean, Jetté le mentionne comme soldat de
la garnison de Québec le 4 octobre 1684 et le 14 février 1685, et soldat de la
garnison de Chambly en 1690. ça reste à éclaircir! Dans son contrat de
mariage daté du 3 septembre 1690, on peut lire: "Jean de La Voye soldat de la
garnison du château de cette ville (Québec) et habitant de la seigneurie de
Maure". Dans l'acte de mariage, le 28 novembre 1690, on lit Jean de La Voye,
soldat de la garnison du fort St-Louis de Québec. A-t-il vraiment été soldat
de la garnison de Chambly, rien ne le prouve avec certitude. Il est possible qu'on
ait confondu le nom du château St-Louis à Québec et le nom du fort St-Louis (ancien
nom du fort Chambly). Ou alors, sa présence au fort Chambly fut de courte
durée, soit quelques semaines ou au mieux quelques mois. Comment est-il devenu
soldat, lui, fils de paysan? Le gouverneur M. de Courcelle et l'intendant Jean
Talon, vers 1670, (donc peu avant leur départ de la colonie en 1672), mettent
sur pied une forme de service militaire obligatoire. Les familles devaient
"engager au service de l'état leur fils premier-né". Jean de La Voye,
comme beaucoup d'autres, a peut-être embrassé la carrière militaire suite
à cette décision gouvernementale de l'époque. Décision probablement
justifiée, car avec le Régiment de Carignan, officiellement retourné en
France, c'était là le point de départ des milices canadiennes, seuls
militaires pour défendre la colonie. Je dis "officiellement" car on ne peut
oublier que plus de 400 soldats venus avec ce régiment troqueront les armes
contre la charrue et deviendront colons après leur démobilisation.
Revenons à Jean: le 15 janvier 1680, à Notre-Dame de Québec, Jean de La Voye,
en compagnie de Vincent Beaumont, François Dupuys et Jean Janvier, est témoin
au mariage de Jean Laurent et Marie-Madeleine LeChardon. Quelques années plus
tard, soit le 15 février 1685, il fera office de parrain au baptême de Jean-Baptiste
Laurent, leur fils. Le 4 octobre 1684, il sert de témoin au mariage de
François Guilmeau et Madeleine Dupont, sur cet acte, on le mentionne comme
soldat de la garnison. En 1686, le 14 mai, il sert de témoin au mariage de
Nicolas Langard et Madeleine Briau; Nicolas est un voisin de son père dans la
seigneurie de Maure ( selon le recensement de 1681). Avec Madeleine Briau et
Nicolas Langard, il est témoin du baptême de Madeleine Renault, fille d'Antoine
Renault et de Françoise Duval, le 5 février 1687, à Notre-Dame de Québec. Le
25 mars 1689, il sera le parrain de son neveu, Pierre, fils de Pierre Grenon et
Marie Lavoye, sa soeur. Comme on peut le constater, Jean avait de nombreuses
relations sociales. Jean de La Voye a uni sa destinée à Barbe Lhomme, fille de
feu Michel Lhomme et Marie Valade (qui est remariée avec Jacques LeMeilleur).
La signature du contrat se fait en présence du notaire Genaple, le 3 septembre,
et la cérémonie religieuse est célébrée dans l'église
St-François-de-Sales de Neuville, le 28 novembre 1690. Dans ce contrat de
mariage, on peut lire ce qui suit:" ledit LeMeilleur et sa femme promettent
nourrir loger et chauffer avec eux en leur maison lesdits futurs époux (Jean et
Barbe) pendant six mois à compter du jour dudit mariage... pour leur faire une
maison de vingt pieds de long et seize de large en rondeau... sur le bord de la
rivière...". C'est donc à dire que le jeune couple a eu la chance de
bénéficier de l'aide des parents de Barbe au début de leur mariage. En plus
du douaire (biens assurés par le mari à sa femme pour qu'elle en jouisse en
cas de survivance) coutumier de 300 £, dans cette lecture, on trouve aussi une
donation mutuelle que les époux se font afin de bien montrer le sérieux de
leur promesse de mariage. Leur premier enfant naît en 1691, nous y reviendrons
plus tard.
Le 22 avril 1692, Jean de La Voye passe chez le notaire Chamballon pour
acquérir une terre. Il achète de Mathieu de Lino, marchand bourgeois de
Québec, "une terre et habitation sise et située sur le fleuve St-Laurent en
la seigneurie de Maure contenant 3 arpents de front sur ledit fleuve et 30
arpents de profondeur... consistant en une maison de charpente couverte de
planche, un hangar, une étable, des terres labourables, prairies et bois debout...
avec 100 sols tournois et 2 chapons de rentes seigneuriales payables à chacun
an au jour de la Saint-Rémy... moyennant la somme de 300 £ ...", en 3
paiements à savoir la somme de 100 £ audit mois de septembre prochain,
pareille somme à pareille date les deux années suivantes.
Le 25 septembre de la même année, Jean retourne chez le notaire Chamballon.
Cette fois, il est accompagné de François Pain, demeurant à Québec qui lui
loue "une vache laitière à poil noir de cinq ans... " pour la somme de 10 £
par année, pour 3 ans, payable à la Saint-Michel, chaque année. Jean s'engage
à la nourrir et lui donner les soins requis, mais si la vache vient qu'à
mourir par la faute de Jean, il devra en payer la valeur suivant l'estimation
qui sera faite. Si elle meurt par accident, il accepte de perdre la moitié de
sa valeur.
Jean de La Voye, en compagnie de Jean Juneau, sera témoin lors de la sépulture
de François Biron, à Neuville, le 28 février 1693.
Le 7 février 1694, Jean de La Voye revient chez le notaire Chamballon afin de
vendre sa terre de la seigneurie de Maure à Jean Gaborit, qui promet payer 300
£ à Mathieu de Lino, pour acquitter la dette de Jean. Cet acte notarié nous
apprend que la terre est située entre celle de Jean Larrivé et Denis Leprince.
Deux jours plus tard, soit le 9 février 1694, Jean de La Voye fait l'acquisition
d'une concession "de trois arpents de front et quarante de profondeur sur la
seigneurie de Villieu au nordest d'Adrien Ayot, aux conditions habituelles",
le tout par un billet de concession, signé laVallière. C'est pourquoi sa
troisième fille naîtra à Tilly (l'autre nom pour de Villieu) et sera
baptisée à St-Nicolas, paroisse de la seigneurie voisine, c'est-à-dire,
celle de Lauzon. Si son fils Jean-Baptiste est vraiment né en 1698, comme on le
pense, c'est à Tilly (ou Villieu), qu'il a dû naître. La population de la
seigneurie de Tilly (ou Villieu) en 1698 se chiffre à 136 personnes.
C'est le 15 juin 1700, devant le notaire Chamballon, que Jean vend sa terre à
Paul Martel, " à savoir une terre et habitation size et située en ladite
seigneurie de Villieu, contenant trois arpents de large sur quarante arpents de
profondeur... du côté du suroît à l'habitation de Jean Ayot, et d'autre
côté du nordest celle de Jacques Bergeron.... avec une maison de 15 pieds au
carré de pièces sur pièces couverte d'écorce et une petite allonge de
pieux debout suivant l'étable et un méchant hangar tombant en ruine et hors
de service... moyennant la somme et le prix de 280 £ ... " ce même jour Jean
a reçu la somme de 225 £, en paiement comptant et Paul Martel promet payer à
Adrien Ayot au nom de Jean de La Voye, la somme de 55 £ restant à la fête de
la Toussaint prochaine, ce qui remboursera une dette de Jean et permet d'établir
une quittance entre lui et Adrien Ayot.
En 1700, Jean de La Voye et Barbe Lhomme ont 4 enfants; leurs deux derniers
naîtront en 1701 et 1705, au Cap-de-la-Madeleine. Comment? Pourquoi? Je l'ignore
avec certitude. J'ai une piste qui doit être vérifiée. Dans son livre La
famille Lavoie au Canada de 1650 à 1921, Joseph Lavoie mentionne ceci: "Au
greffe du notaire Charles Rageot, sous la date du 27 novembre 1700, j'ai
trouvé un acte par lequel Jean de La Voye, ci-devant soldat de la compagnie de
M. de la Chassagne, demeurant à Québec, s'engage à M. Louis Rouer de
Villeray, premier conseiller au Conseil Supérieur, pour trois ans en qualité
de serviteur domestique. Villeray s'engage à le loger, nourrir et vêtir et
à lui payer 360 £ et 3 paires de souliers sauvages, savoir 100 £ la première
année avec 1 paire de souliers sauvages, 110 £ la 2e année et 150 £ la 3e
année.". N'ayant pas eu la chance d'avoir ce document en main, je ne peux
dire avec certitude s'il s'agit bien de Jean, le mari de Barbe Lhomme...
Rouer de Villeray possédait beaucoup de terres dans différentes seigneuries le
long des rives du St-Laurent. C'est une piste que je compte explorer
prochainement.
Si j'observe l'ensemble des informations ci-haut mentionnées, Jean semble
avoir eu quelques difficultés à concilier son métier de soldat et le travail
de la terre.
Après 1705, il revient vivre dans la région de Québec, puisqu'en 1711, en
date du 26 août, le registre des décès de l'Hôtel-Dieu de Québec porte la
mention du décès de Barbe Lhomme, "entrée le 19 précédent, de la paroisse
de Charlesbourg, âgée de 42 ans". Nous ne possédons aucune information de ce
genre concernant le décès de Jean de La Voye. Certains avancent 1714, d'autres,
1724, comme date de son décès, c'est un mystère qui reste à éclaicir,
tout comme la fin de sa vie.
QUE SONT DEVENUS DE SES ENFANTS:
Le 15 septembre 1691, à St-Augustin de Maure, naît Marie-Madeleine, fille
aînée de Jean de La Voye et Barbe Lhomme. Elle est baptisée le lendemain à
Neuville, avec pour parrain, Jacques LeMeilleur, deuxième époux de Marie
Valade, sa grand-mère maternelle; Marie-Madeleine Lhomme, sa tante, fait office
de marraine. Elle passe un contrat de mariage avec René Demers, veuf d'Anne
Dubois, père de 9 enfants, fils de Jean Demers et Jeanne Voidy, chez le notaire
Laneuville, le 28 janvier 1714. Marie-Madeleine et René Demers se marie le 5
février suivant, à St-Nicolas, Tilly. Le couple aura 9 enfants, tous baptisés
à St-Nicolas, Tilly, avant que René Demers ne meurt. En consultant La
Civilisation traditionnelle de l'Habitant au 16e et 17e siècle de
Robert-Lionel Séguin, par hasard, j'ai trouvé ce qui suit: "La criée se
pratique un peu partout. C'est ainsi qu'on procède à la liquidation des
biens de René Demers, un habitant de Québec, le 9 juillet 1730. Le huissier
Dubreuil s'est alors "transporté au devant de la principale porte et entrée
de l'église paroissiale de Notre-Dame de cette ville issue de la Messe
paroissiale le peuple sortant d'icelle ou étant Jay lu publié a haute
intelligible voix: De par le Roi on fait assavoir a tous quil appartiendra qu'un
emplacement sis et situé en cette ville rue Champlain contenant trente pieds de
front sur la dite rue et de profondeur jusqua la hauteur du Cap sur lequel est
un commencement de baptisse de maçonne avec toutes les circonstances et
dépendances est a vendre au plus offrant et dernier enchérisseur après trois
affiches mises et apposées aux endroits ordinaires pendant trois dimanches
consécutifs et trois enchères reçues à luy donnée pendant trois mardis
consécutifs suivant lesdits dimanches." Ces procédures sont prises en vue de
régler la succession laissée par Demers. Tout s'arrange à la satisfaction
des enfants et de la mère, née Marie-Madeleine Lavoie." On sait donc que
René Demers décède le 21 décembre 1729, et que sa succession se règle l'été
suivant. Comme on trouve le 5 avril 1758, chez le notaire Decharnay, un
inventaire de biens suite au décès de Madeleine Lavoie, veuve de René Demers,
on peut affirmer que Madeleine ne s'est pas remariée (aucun autre nom de mari
n'est mentionné) et qu'elle est décédée beaucoup plus tard que son mari.
Marie-Angélique naît le 18 octobre 1693, à la Côte de St-Ange, dans la
seigneurie de Maure. Elle est baptisée le lendemain à Neuville, en présence
de Jean LeMeilleur, Jeanne Châtillion et Antoine Gaborit. Comme sa soeur, elle
passe un contrat de mariage chez le notaire Laneuville, le 19 janvier 1716. C'est
le 27 janvier suivant, à St-Nicolas, Tilly, qu'elle unit sa destinée à
Gabriel Dion dit Deslauriers, fils de Philippe et Suzanne Métayer. Le couple
aura 4 enfants connus, tous baptisés à St-Nicolas.
Le troisième enfant est aussi une fille, nommée Marie-Louise. Née le 28
février 1696, à Tilly, elle est baptisée le 1 mars suivant à St-Nicolas, en
présence de Marie-Louise Gourotte, Louis Crosteau et Pierre Lambert. Elle passe
son contrat de mariage le 1 mai 1728, chez le notaire Dubreuil, et se marie à
Notre-Dame de Québec le lendemain avec Gabriel Maranda, fils de Jean et Marie
Paradis. Le couple aura au moins, deux enfants connus, peut-être plus (non
cherché). Dans le greffe du notaire Jean-Claude Panet, en date du 31 août
1767, on peut lire que Louise Lavoie, veuve de Gabriel Maranda, fait une
donation à Jean-Baptiste Maranda, son fils. Ce qui nous permet de penser que,
Louise devenue veuve avant 1767, réside avec son fils jusqu'à sa mort.
Jean de La Voye et Barbe Lhomme ont enfin un fils, Jean-Baptiste, tout
probablement vers 1698, on ignore où. C'est par lui que se transmet le nom de
Lavoie, de la branche aînée de l'ancêtre Pierre de Lavoye. Nous y
reviendrons plus tard.
Née le 23 janvier et baptisée le 26 janvier 1701, au Cap-de-la-Madeleine,
Marie-Antoinette, s'unira à Jean-Gilles Monnier en 1724. Je n'ai pas encore
poursuivi mes recherches de ce côté.
Joseph naît le 22 août 1705, il est baptisé le lendemain au
Cap-de-la-Madeleine, en présence de Jean-François Leboulanger et Marie-Jeanne
Crevier. C'est tout ce que j'ai trouvé, à ce jour, concernant les deux
derniers enfants de Jean de La Voye et Barbe Lhomme.
©Micheline Lavoie Dussault, 2000